samedi 26 novembre 2011

Interview Silver Apples


Voici l'interview de Simeon Coxe (Silver Apples) réalisée au Temps Machine le 22 octobre 2011 (merci à Delphine pour son aide précieuse pour la traduction !) :


Gagarama - Hello !

Silver Apples - Hello !

Gagarama - Peux-tu me parler de Simeon, ton synthétiseur ?

Silver Apples - En fait ce n'est pas vraiment un synthétiseur, c'est juste un paire d'oscillateurs. J’utilise ces oscillateurs grâce à des boutons poussoirs et des boutons de réglages. Il n’a pas de clavier.

Gagarama - Tu joues avec des boutons poussoirs !

Silver Apples - Je déclenche ces oscillateurs via des boutons poussoirs et je contrôle la hauteur des notes via en tournant des boutons de réglage.

Gagarama - Tu as utilisé ces oscillateurs à la fin des années soixante pour faire de la musique. Tu es un des premiers à le faire.

Silver Apples - Oui, à utiliser l'électronique comme un instrument à part entière. L'électronique était parfois utilisée en complément des instruments habituels d’un groupe comme les guitares, les basses. C'était juste un complément. Je pense que j’ai effectivement été un des premiers à utiliser ce médium pour remplacer les différents instruments d'un orchestre.

Gagarama - Et utiliser l’électronique pour faire du rock ou de la pop ?

Silver Apples - Oui, il y a des gens qui avaient utilisé l’électronique dans des centres de recherche musicale ou des universités, mais je n’étais pas au courant de ça. J’avais juste trouvé un moyen de faire du bruit et je voulais m’amuser à faire de la musique avec ça !

Gagarama - Comment as tu l’idée d’utiliser ces oscillateurs ?

Silver Apples - Un de mes amis, qui était compositeur de musique classique avait un de ces gros oscillateurs qui datait de la deuxième guerre mondiale. Il avait l’habitude de boire de la vodka de manière déraisonnée. Il s’amusait à jouer des mélodies classiques de Beethoven ou Mozart quand il avait bu. Je le regardais s’amuser à faire ça, mais je trouvais que ce n’était pas génial, ça sonnait vraiment horrible ! Un jour, alors que mon ami avait sombré dans un coma éthylique, j’ai eu l’idée d’essayer ce truc avec un disque de rock que j’avais amené. Et j’ai trouvé que ça fonctionnait bien ! J’aimais ça ! J’ai ensuite essayé d’utiliser ce truc régulièrement dans le groupe de rock dans lequel je jouais habituellement. Moi je trouvais que ça fonctionnait mais les autres membres du groupe n’aimaient pas, ils trouvaient ça horrible ! Et le groupe a splitté !

Gagarama - Tu jouais dans un groupe de rock ?

Silver Apples - Oui, dans un groupe de rock traditionnel (guitare, basse, batterie).

Gagarama - Silver Apples a fait 2 albums ?

Silver Apples - Non, nous avons fait 3. Mais nous en avons sortis 2, et comme la compagnie de disque a arrêté nous n’avons pas pu sortir le troisième. Notre troisième album est sorti dans les années 90 lorsque nous avons pu récupérer les bandes.

Gagarama - Après Silver Apples, la musique électronique s’est énormément développée dans le rock et la pop. Il y a eu une reconnaissance vis à vis de vous, qui avez été des pionniers ?

Silver Apples - Oui, bien sûr. Il y a deux semaines j’ai fait une performance avec Hans-Joachim Roedelius de Cluster. Nous avons beaucoup parlé des débuts de tout cela. Il m’a dit qu’en Allemagne, des groupes importants comme Neu et Can connaissaient Silver Apples, c’étaient même pour eux une influence dans leur travail. J’aimerai pouvoir dire la même chose de mon côté, mais je n’ai pas connu ces groupes. Quand Silver Apples c’est arrêté je me suis désintéressé de la musique.

Gagarama - Tu as fais quoi après Silver Apples ?

Silver Apples - J’ai travaillé comme vendeur de glace... Ding ! Ding ! Ding ! J’ai été tenancier de bar. J’ai été serveur. J’ai été journaliste. J’ai travaillé comme reporter pour des journaux télévisés. J’ai fait tout ce qui s’est présenté. J’ai travaillé dans les arts graphiques. J’ai fait des expos de peinture. Pendant vingt ans je n’ai pas fait de musique, et je ne me serai pas réintéressé à la musique si je n’avais pas fait Silver Apples ...

Gagarama - Je suppose que tu dois être heureux que la popularité de Silver Apples grandisse, et que tu puisses faire des concerts partout en Europe

Silver Apples - Et partout dans le monde. Au printemps dernier j’ai fait plusieurs concerts en Chine. Ce succès pousse la mauvaise herbe. Je n’ai rien fait de spécial pour cela. Je suis le premier surpris, ça m’échappe un peu. Je suis le mouvement et je verrai bien où cela va aller !

Gagarama - Tu vas sortir des nouveaux morceaux, un nouvel album ?

Silver Apples - J’ai plein de nouveaux morceaux. Il va falloir trouver le bon moment pour finaliser et sortir tout cela !

mercredi 16 novembre 2011

Emission du 16-11-2011 - Special Iggy vs Sax Cats & Tibetan Chant





1- The Shadow Of Your Smile (Iggy - Live)
2- The Shadow Of Your Smile (Dexter Gordon)
3- Tiny Girls (Iggy)
4- Lover Man (Charlie Parker)
5- Dirt (The Stooges)
6- Nancy (with the laughing face) (John Coltrane)
7- Johanna (The Stooges)
8- Angels (Albert Ayler)
9- Till The End Of The Night (The Stooges)
10- His Is Madness (The Last Poets & Pharoah Sanders)
11- Run Like a Villain (Iggy)
12- Mantra Of Blessing (Tibetan Master Chants)
13- We Will Fall (The Stooges)

lundi 17 octobre 2011

Interview Lydia Lunch




Lydia Lunch est connue pour sa carrière sans compromis. Elle a tenu un rôle essentiel dans la scène new yorkaise de la fin des années 70 et du début des années 80 (mouvement musical et cinématographique No Wave).
Elle a fondé sa propre maison d'édition Widowspeak dés l'âge de 25 ans. Elle a réalisé plus d'une trentaine de disques , 4 livres , des scénarios de bd , des performances , des installations , des expos de photographies. Elle a multiplié les collaborations. De par son tempérament chacune de ses créations est souvent en opposition à la précédente. Elle se dit addict à l'énergie et à la créativité , on veut bien la croire vu sa production. Elle a centré sa créativité sur l'exploration du côté sombre de la nature humaine , ses textes sont très percutants et ne manquent pas d'humour même si cet humour est souvent très noir ou cynique.
Les musiciens qui l'accompagnent dans Big Sexy Noise sont excellents et le concert à Joué les Tours a été un grand moment de rock.

Voici la traduction (milles merci à Delphine pour son aide précieuse !) de l'interview de Lydia Lunch réalisée au Temps Machine le 6 octobre 2011 :

LYDIA - Bonjour !

GAGARAMA - Bonjour Lydia ! c'est une interview pour une radio rock et tu es très appréciée dans cette radio

LYDIA - Oh la radio m'aime , je suis très heureuse que quelqu'un m'aime

GAGARAMA - Tu n'as jamais fait de compromis et nous aimons cela

LYDIA - Je suis ici pour recevoir de l'amour , je suis ici pour donner de l'amour , qu'est ce que je peux dire ... je suis la motherlover de l'underground !

GAGARAMA - Cette interview sera également sur un blog qui s'appelle gagarama sur lequel il y a déjà une interview d'Alan Vega

LYDIA - Oh fantastique , Alan Vega a été un de mes premiers amis à New York ... j'étais une adolescente de 16 ans en fugue , des hippies m'avaient pris en charge et je me suis retrouvé devant le Max Kansas City. Suicide y donnait un concert et je faisais partie de la dizaine de spectateurs Après le concert j'ai été les voir et Alan Vega et Martin Rev sont devenus mes premiers amis. C'était un bon départ !

GAGARAMA - Alan Vega est extrêmement brillant quand on discute avec lui il essaye toujours de montrer les choses sous un autre angle , un peu comme toi ...

LYDIA - Yeah

GAGARAMA - Première question , pour moi il y a un paradoxe parce que ton image est très sexe & drogues ...

LYDIA - Et regarde moi maintenant , célibataire et sérieuse !

GAGARAMA - Tu as l'air en forme ...

LYDIA - 52 ans !

GAGARAMA - Yeah ... tu as fait 30 disques , 2 livres ...

LYDIA - ... j'ai fait au moins 4 livres , plus 3 scénarios de BD , j'ai certainement participé à plus de 30 disques mais je ne peux pas te dire combien , j'ai fait plein de spocken words et cetera et cetera ... je réalise que je suis l'artiste la plus prolifique de ma génération !

GAGARAMA - ... tu as fait des films , des tas de collaborations ... mais pour faire tout cela tu as besoin d'avoir énormément de discipline !

LYDIA - Bien sûr que j'ai besoin de discipline ! C'est ce qui me différencie de beaucoup de gens de ma génération. Tu évoques le sexe et la drogue ... effectivement j'apprécie toujours le sexe et j'apprécie toujours les drogues mais je n'ai jamais aimé les drogues qui causent tant de problèmes comme l'alcool et l'héroïne. Une garce volage comme moi va bien sûr être volage au niveau du sexe mais aussi va être volage au niveau des drogues et expérimenter et apprécier plein de trucs ! Mais je n'ai pas besoin de cela à chaque instant ! C'est ce qui fait la différence entre moi et une personnalité addictive comme pas mal d'artistes. Mon addiction personnelle est l'énergie. Et ce qui me donne l'essentiel de mon énergie c'est de créer. Aussi je n'ai jamais été intéressé par l'alcool ou par l'héroïne. Bien sûr je me suis pris des cuites quand j'avais vingt ans mais maintenant je bois juste un cognac avant de monter sur scène et un autre après ... J'apprécie de boire un verre d'alcool mais je n'ai jamais eu besoin de boire régulièrement. Ca n'apporte rien ... Sur scène c'est bon pour la gorge !
Et c'est pareil pour les drogues : j'aimerai qu'il y ait plus de drogues , de meilleurs drogues , des drogues différentes. Je suis né en 1959 et il y avait des bonnes drogues au début des années 70 et certaines que l'on ne trouve plus. J'ai commencé à gouter des drogues à 12 ans et je ne pense en avoir souffert mais peut être parce que j'aime la mescaline , les acides , ? , les quaaludes et on a arrêté de trouver de ces drogues avant que cela puisse me poser des problèmes. Je n'ai pas à prendre des trucs pour être complètement barré ou être out-of-my-mind : je le suis déjà naturellement ! Au contraire j'utilise les drogues pour avoir plus de focus , pour me concentrer sur quelque chose.
La discipline pour moi est en rapport avec mon travail qui est de créer. Je ne suis pas toujours en train de créer. Je ne me mets pas à créer dés que je me réveille ! Quand je dois écrire une chanson j'écris une chanson. Quand je dois écrire un speech j'écris un speech. Quand je dois faire des photographie je planifie ça !
Dans 2 semaines un DVD de mon travail va sortir à l'occasion du festival de Luff à Lausanne (festival de cinéma et de musique underground). Ce dvd rassemblera différents aspects de mon travail des spocken words , des musiques et des photographies. C'est quelque chose de nouveau , un one-woman-multimedia show sur lequel je travaille depuis plusieurs années.
Aussi quand je dis que je crée , je suis une conceptualiste , je trouve des concepts. Prends n'importe lequel de mes travaux ... Prends par exemple Shotgun Wedding. J’ai trouvé le concept ... ça je ne peux pas te dire comment c'est souvent un mystère ! Mais je savais qu'il fallait que je fasse Shotgun Wedding avec Rowland S Howard. Nous sommes partis à New Orleans écrire les chansons et finalement les enregistrer. Et je fonctionne comme cela encore et encore , et tout cela fonctionne par une sorte de magie ! Bouger de villes en villes , travailler avec des personnes différentes , ne jamais faire la même chose C'est un style de vie très coûteux ! Ce n'est pas un style de vie très rentable ! ... C'est quelque chose d'étrange ... Parce que ça coute très cher ... mais c'est nécessaire pour mon travail et à chaque fois je trouve une solution presque par miracle ...

GAGARAMA - Peut on dire que les textes , les mots sont la partie la plus importante de ton travail ?

LYDIA - C'est ce que mes amis disent ...

GAGARAMA - ... Est ce que tu écris tous les jours ?

LYDIA - Non , je faisais cela quand j'étais jeune mais je ne garde plus de carnets et quand j'ai rempli un cahier de chansons je brûle le cahier ... Je suis en rébellion contre l'art conventionnel !

GAGARAMA - Je me souviens d'avoir lu un texte de toi à ce sujet dans Juxtapoz

LYDIA - Tout à fait , c'est exactement de ça dont je te parle ! Ce texte était une réaction à Andy Warhol qui gardait tout , le moindre bout de papier ... Brulez moi tout ça !
Je n'écris pas tous les jours j'écris quand j'ai besoin d'écrire. Quand je dois écrire un truc , avant de m'y mettre je bouge partout , je bois un café , je fume une cigarette , je peux faire des kilomètres d'allée et venue. Mais quand je m'assois sur ma chaise alors j'écris le speech , j'écris le texte. Si il s'agit des paroles d'une chanson cela me prendra dix minutes mais le plus dur c'est d'obtenir cette première minute ! Pour un spocken word il faut que quelque chose , une expérience dans la vie , une info dans un journal ou à la télé me fasse réagir , et des fois cela me fait réagir aussi violement que si j'avais un cancer ! Alors là j'écris un spocken word. Le côté création artistique est très immédiat mais pour l'obtenir je dois me bouger , aller d'un pays à un autre , aller d'une ville à une autre !

GAGARAMA - Il y a quelque chose que j'aime beaucoup dans ce que tu écris , c'est qu'il y a toujours beaucoup de dérision , d'humour noir et je ne suis pas sûr qu'en France cet aspect là soit vu par tous les gens qui te connaissent

LYDIA - Je pense que pas grand monde le voit et je te remercie de l'avoir remarqué ! Dans la vie de tous les jours je suis très drôle ! Je vois toujours la comédie dans la tragédie ... je vois toujours le côté humoristique de la tragédie ! Je suis une intellectuelle sadique !
Je viens d'écrire un texte sur la réalité qui est désastreuse ... surtout après la Patriotic Act (suite au 11 septembre) qui a permis aux Etats Unis de tuer et de transformer le reste de la planète en esclaves et en victimes ! Une partie de moi est comme un enfant qui vomit un repas empoisonné que lui aurait servi son père ... et une autre partie de moi rigole comme une vilaine sorcière qui se délecte de la stupidité des hommes , surtout de leurs dirigeants , ces misérables marionnettes qui sont en train de pourrir la planète !

GAGARAMA - Tes textes tournent souvent autour des tensions qu'il peut y avoir dans le cercle familial , ou des tensions qu'il peut y avoir dans les relations amoureuses , tu aimes explorer la folie qui peut naître de ces tensions

LYDIA - Ma première investigation dans ma psychothérapie publique , mon premier spocken word a été une lettre à mon père. Il était mon principal problème et j'avais besoin de m'adresser à lui en premier avec l'arrogance et l'acharnement de mes vingt ans. Puis j'ai développé l'idée qu'au dessus de mon père il y a d'autres pères : les trous du cul qui dirigent les pays. Si il y a une chose que nous partageons tous dans le monde c'est bien la stupidité de nos dirigeants. Un texte essentiel contre les pères qui dirigent nos pays est mon spocken word the Gun Is Loaded (le pistolet est chargé) , écrit contre Ronald Reagan. Au dessus des pères de nos pays il y a dieu le père. J’ai attaqué cette unholy trinity (trinité sacrilège) comme une sorcière dévalant de sa colline ! Ensuite je me suis attaqué à ma mère et aux femmes en général parce qu'il n'y a pas de raison de s'arrêter là ! On est tous coupable de quelque chose ! ... la désolation de notre époque vient des grosses corporations , des réseaux qui manipulent nos hommes politiques comme des marionnettes pour piller et ravager la planète. La solution n'est pas simple mais le problème est simple !

GAGARAMA - Lorsque tu écris tes textes tu sais si le résultat sera une chanson , un livre , un script ?

LYDIA - Oui , absolument !

GAGARAMA - Il y a différentes étapes dans le processus ?

LYDIA - Oui , mais je me concentre sur ce que j'ai à écrire. Je suis à une étape intéressante de ma carrière. Les choses ont un peu changées. J'ai toujours été en en réaction par rapport à ce que j'avais fait précédemment. J'ai fait un truc en opposition à ce que j'avais fait dans Teenage Jesus , puis j'ai fait un truc en opposition à 8 Eyes Spy , puis un truc en opposition à Queen of Siam , et ainsi de suite ... Tout cela quelque part est toujours en sens opposé parce que ma nature est ainsi ... La contradiction convient très bien à ma nature schizophrénique !
Mais je n'avais jamais écrit de fiction. Et je viens d'écrire un texte de fiction pour le recueil du Prix Hemingway , concours annuel de nouvelles sur la tauromachie. C'est intéressant parce que peut être je n'ai plus rien à explorer dans ma vie de tous les jours !
Moi qui aime toujours tout remettre à plat à chaque nouveau projet , pour la première fois de ma carrière je viens de faire un second album avec la même formation , Big Sexy Noise. Je commence à me rebeller contre ma propre rébellion ! ...
C'est intéressant d'écrire de la fiction. Mais pour moi c'est un autre sport. Si tu es un catcheur professionnel tu ne vas pas faire des ballets ! Et j'ai une mentalité de catcheur et pour moi écrire de la fiction , c'est faire du ballet , c’est faire une fantaisie !

GAGARAMA - Tu viens de parler de ton nouvel album. Tu l’as fait avec les musiciens du groupe britannique Gallon Drunk ...

LYDIA - et nous formons Big Sexy Noise !

GAGARAMA - Tu travailles depuis pas mal de temps avec Terry Edwards

LYDIA - Et avec Ian White le batteur ... oui pour mes projets solo je travaille avec eux depuis dix ans ... parfois juste avec Terry , des fois avec les deux , des fois juste avec le batteur. Souvent avec des bandes sons , une musique psycho-ambiante qui illustre des projets basés sur des textes , sur les mots.
Mais là nous avons eu l'envie d'un projet rock. Actuellement la plupart des groupes rock sont soit surproduit soit sousproduit ! Leurs chansons sur leurs petites romances chimiques sont ridicules ! Si j'avais douze ans ça me plairait peut être ! ... J'ai eu envie de faire du rock avec des couilles parce que même si on est une femelle on peut faire du rock avec des couilles. Je pense aux Bellrays par exemple ... dans les sixties il y avait plein de groupes comme ça , surtout à L.A. mais maintenant il n'y en a plus beaucoup ... C'est amusant parce qu'au début j'étais fan de glam rock et de glitter rock et Big Sexy Noise a des chansons qui sont très proches du Glam Rock. Ce sont les New York Dolls qui m'ont fait aller à New York ! Et dans un certain sens Big Sexy Noise c'est un retour à ça ! Mais c'est quand même un petit peu différent , c'est voluptueux , c'est swampy (blues des marécages , du bayou). Et ce projet est une réaction à ce que je faisais avant qui était très politique. Ca le reste un peu , la politique étant mon obsession mais qui va aller disséquer tout ce que je dis ! Et c'est la première fois que je fais 2 albums la même formation !

GAGARAMA - Pour cet album tu as fait la plupart des compositions avec le guitariste

LYDIA - Oui avec James Johnston

GAGARAMA - J'adore ta voix sur cet album

LYDIA - Yeah ! Je continue à fumer des cigarettes !

GAGARAMA - Et c’est plus chanté ...

LYDIA - Ah c'est le truc ! Ne pas chanter c'était mon côté rebelle ! On me disait « vas-y chantes ! » Et je répondais « non ! je ne veux pas chanter ! » Pourtant il y a ces reprises que j'adore chanter comme Don't Fear the Reaper ou Some Velvet Morning ! Je peux chanter mais il y a toujours ce côté rebelle qui me dit ne chantes pas !

GAGARAMA - Le résultat est très rock , très blues !

LYDIA - Très rock , très blues , swampy. C'est un putain d'album de rock ! C'est du glam rock avec des grosses couilles et c'est moi qui l'ai fait !

GAGARAMA - Du rock sale ...

LYDIA - Très blues baby ... attends de voir le show !

GAGARAMA - Tu es très amie avec Virginie Despentes

LYDIA - She is my dream ...

GAGARAMA - Elle est une importante écrivaine française

LYDIA - Absolument !

GAGARAMA - Une part importante de son œuvre est une réflexion sur la condition féminine. De ton côté tu as également exploré le sujet. Est ce que vous êtes en accord ou est ce que vous voyez certaines choses différemment ?

LYDIA - Je ne vois aucun sujet sur lequel je pourrais être en désaccord avec elle. J’adore ce qu’elle écrit. Je l’aime. Nous sommes très amies. Elle vit à Barcelone également. Virginie a rencontré sa partenaire à l’un de mes concerts. Virginie me doit donc 10% de cette passion amoureuse parce que cette rencontre c’est faite grâce à moi ! Ceci dit , nous écrivons chacun de notre point de vue. Moi je vois les choses plutôt d’un point de vue politique et Virgine a un point de vue plus féminin , féministe. J’écris contre la main mise patriarcale et corporative sur la société d’une manière globale. Virginie travaille sur le supplément conscience que l’on doit donner aux gens pour qu’ils puissent penser mieux. C’est notre champ d’action qui nous différencie. J’ai rencontré Virginie il y a dix ans lorsque Paradoxia est sorti en France. Et puis nous avons été des voisines au cœur brisé à Barcelone. Actuellement Virginie est à Paris pour réaliser un film. Virginie ne le sait pas mais je suis en train de rassembler tous nos emails , tous les poèmes que nous nous envoyons pour faire un livre d’amour. Cela sera comme les lettres d’Henri Miller et Anaïs Nin. Ces correspondances entre artistes que les gens aiment lire une fois que les artistes sont morts. Aussi je garde tous les emails que nous nous échangeons avec Virginie , mon Evil Twin. Ce sont des poèmes d’amour. Tu vas voir garce ! Nos lettres vont être publiées !

GAGARAMA - Tu sais que la traduction de ton livre par Virginie Despentes est excellente ...

LYDIA - Yeah

GAGARAMA - ... c’est un peu Edgard Poe traduit par Baudelaire ! Vous avez parlé ensemble de la façon de traduire ces textes ?

LYDIA - Oui bien sûr ! C’est un vrai problème de traduire mon anglais. Mon anglais n’est pas un anglais classique. Il y a beaucoup d’argot , de jeux avec les mots. C’est un langage qui vient de la rue. Je fais des jeux de mots vicieux , qui ne sont facile à comprendre pour personne. Ce n’est pas facile pour les français d’appréhender correctement la littérature américaine ... même si ils connaissent mieux la littérature américaine que les américains connaissent la littérature française ! Les écrivains américains se comprennent mieux entre eux , moi y compris. Mais tu dis qu’elle a fait un bon boulot

GAGARAMA - Oui elle a essayé de rendre en français ce que tu fais avec l’anglais. Le résultat est plutôt très bien.

LYDIA - Nous avons passé un moment génial toutes les deux l’année dernière au festival Emmetrop à Bourges et à Rennes. Je lisais mes textes à moi , et elle lisait sa traduction. Je vais faire un truc similaire demain à Rennes à partir de textes tirés de Paradoxia. J’adore faire ça ! La lecture de la traduction est importante parce que cela permet aux spectateurs de comprendre ce que je dis.

GAGARAMA - Dans tes livres tu parles souvent de relations amoureuses. Il y a toujours ce paradoxe. Les mecs sympas sont ennuyeux. Et avec les bad boys ça tourne toujours vinaigre.

LYDIA - Il n’y a pas grand chose à dire à propos des mecs sympas.
Ce n’est pas mon boulot de partager mon bonheur ou ma joie. De disserter de combien je suis heureuse avec mon putain de chat ! C’est à d’autres personnes de le faire. Je dois me concentrer sur les sujets que je dois explorer , l’attraction pour le côté sombre des choses , la mort , le danger. C’est peut être pour cela qu’il est temps que je me tourne vers la fiction , parce que ma vie a changé et que je ne peux pas toujours raconter la même histoire encore et encore , et je dois avoir d’autres perspectives que de continuer une psychothérapie publique qui dure depuis 33 ans. Ma vie est plus calme et elle ne peut plus constituer le sujet pour mon travail. Aussi je me tourne vers la fiction.

GAGARAMA - Tu veux continuer à explorer le côté sombre

LYDIA - Parce qu’il est nécessaire que cela soit expliqué d’un point de vue féminin. Toujours et encore. Le côté sombre c’est de quoi la poésie se nourrit. C’est dans l’underground , dans le caniveau , dans la pourriture que la poésie se développe.

GAGARAMA - Justement nous allons parler de poésie.

LYDIA - Allons dans le caniveau !

GAGARAMA - Dans ton livre il y a une très longue citation d’Antonin Artaud , c’est un écrivain qui n’a jamais fait de compromis. Tu connais bien son œuvre ?

LYDIA - Bien sûr c’est pour cela que j’ai choisi cette longue citation qui collait parfaitement à la situation.

GAGARAMA - Son travail porte beaucoup autour du corps. Ton travail parle également beaucoup du corps. Tu sembles mieux accepter le corps et l’ensemble de ses pulsions.

LYDIA - J’essaye d’accepter la prison qu’est mon corps. Pour mieux pouvoir en sortir. Dans un sens la tache d’Antonin Artaud était plus compliquée parce qu’il était enfermé dans une cellule. Il avait à combattre deux enfermements. Il avait deux prisons à briser ...

GAGARAMA - Les villes sont quelque chose de très important pour un artiste. Dans Paradoxia chaque ville semble être une étape dans ta vie.

LYDIA - Bien sûr , chaque ville est importante. Il y a plein de raisons différentes qui peuvent me faire changer de ville : des collaborateurs , l’inspiration , le prix de la vie. Si tu vis dans une ville comme San Francisco , à un moment donné il va falloir que tu ailles à Pittsburg parce que la vie y est moins chère ... Lors d’une tournée j’ai fait une enquête dans chaque ville où je passais et j’ai demandé à tout le monde « Combien tu payes de loyer ? Combien tu as de chambres ? ». J’ai fait ça dans une quinzaine de ville. La conclusion a été : je vais m’installer à Pittsburg ! Et j’y ai vécu quatre ans ! Cette enquête a été la seule raison pourquoi j’ai habité à Pittsburg ... un peu comme si j’avais joué à une loterie. Mais j’y étais heureuse et ils étaient content de m’avoir !

GAGARAMA - Tu as vécu à New York et dans les années 70 c’était très actif , ça bouillonnait de créativité. Il semble que tout cela soit parti ...

LYDIA - Evidemment que tout cela est parti ! ... J’ai vraiment quitté New York en 1990. Mais entre 1976 à 1990 j’ai été 2 ans à Londres , 2 ans à Los Angeles , j’ai été à d’autres endroits. Du coup je n’y suis pas restée tout le temps. Cela a été une grande période. Mais tu sais que chaque chose a un cycle , chaque mouvement a un cycle , chaque ville a un cycle et pour la ville New York son cycle créatif est fini depuis des années ! Et quand des artistes me disent qu’ils vivent à New York je n’arrive pas à comprendre , c’est très cher. Je n’arrive pas à comprendre comment ils peuvent s’en sortir financièrement.

GAGARAMA - Qu’est ce qui t’attire à Barcelone ?

LYDIA - Le passé historique de cette ville , l’architecture , les artistes , le fait que cela soit une place centrale en Europe. Je ne parle pas espagnol , je ne cherche pas à le comprendre , je connais juste les mots de base pour me débrouiller dans la vie de tous les jours. Ce n’est par arrogance , c’est pour me protéger. J’aime être une étrangère , ça m’est confortable. La qualité de vie à Barcelone est bonne. Bien sûr si je faisais la fête tout le temps ça serait dur ! Mais je travaille. Je ne sors pas. Faire la tournée des bars et boire ça ne m’intéresse pas. On trouve un peu de drogue , c’est toujours intéressant. Mais c’est la qualité de la vie avant tout qui me plait à Barcelone. Pour moi il était important de ne plus habiter aux Etats Unis. Pour moi cette nation est le mal absolu. Je suis heureuse de m’en être échappé ! Les Etats Unis sont l’ennemi du monde , l’ennemi de la planète. Cela m’obsède.

GAGARAMA - C’est l’aspect politique de ton travail.

LYDIA - Oui , je ne peux pas m’échapper de ce côté politique. Mais je ne suis pas comme une illuminée en haut de la montagne qui crie « Attention il y a la guerre !». Il y a la guerre. Je ne peux pas m’arrêter d’être politique , parce que la guerre est là et elle ne va pas s’arrêter !

GAGARAMA - Il y a l’Irak ...

LYDIA - Les Etats Unis possèdent 800 bases militaires dans le monde. Si tu as besoin de chiffres je peux te les donner. Ces chiffres sont importants. Les victimes , combien de gens meurent , combien de gens ont été tués , combien de civils ont été tués. Tous ces chiffres sont importants pour moi et me rendent malade. Les Etats Unis sont comme un cancer dans ma tête. C’est pour ça que je suis contente d’être en Espagne et de ne plus habiter là bas. Depuis que je n’y suis plus je me porte mieux. J’avais développé plein de cellules cancéreuses en vivant là bas. J’ai tout coupé.
Depuis que je suis à Barcelone , je me sens bien. J’apprécie de me balader dans les rues. C’est vrai que les grands mères ont tendance à brailler dans les bus ... C’est pour cela que je n’ai pas voulu apprendre l’espagnol ! Mais si mon seul problème à Barcelone c’est les grand mères je peux y rester ! Et en plus il y a les architectures de Gaudi ...

GAGARAMA - Sûrement la dernière question ...

LYDIA - Yeah (witch yeah) ... je me suis énervé sur les Etats Unis mais vous ne vous êtes pas enfui !

GAGARAMA - Tu as fais une reprise de Frankie Teardrop de Suicide

LYDIA - Yeah (happy yeah)... et c’est une super reprise , pas vrai ! C’était génial à faire !

GAGARAMA - Que Lydia Lunch fasse une reprise de Suicide c’est génial ! Mais encore mieux tu viens de faire un duo avec Alan Vega ! Et c’est je crois hyper rare qu’Alan Vega chante en duo !

LYDIA - Je sais ! J'ai de la chance !

GAGARAMA - Cette chanson s’appelle Prison Sacrifice , comment c’est déroulé la réalisation de cette chanson ?

LYDIA - Marc Hurtado m’a fait écouter plusieurs musiques. Et je lui ai indiqué celle que je préférai. Ensuite il m’a envoyé le morceau avec la voix d’Alan. Et j’ai posé ma voix à mon tour dessus. J’ai fait ça dans mon garage. Et j’ai fait ça comme ça venait. Comme je le sentais. Ce fut une expérience géniale pour moi !
Mais Frankie Teardrop ... (ectasy yeah) ... Quelle chanson !
Pour la reprise de Frankie Teardrop , la musique a été réalisée par David Knight , un excellent musicien qui a travaillé avec Danielle Dax. Il a fait un boulot exceptionnel sur cette cover.

GAGARAMA - Frankie Teardrop de Suicide c’est barré , mais tu as également fait des trucs vraiment barré. Je pense à un morceau comme The Crumb que tu avais fait avec Thurston Moore ... C’est très Bad Trip !

LYDIA - C’est exactement ça ! Cette musique a été faite pour être un bad trip ... Tu as bien compris le truc ... C’est une musique qui a été faite par James George Thirlwell de Foetus. Cette musique a vraiment été faite pour être un bad trip ! ...

Merci pour cette interview !

GAGARAMA - C’est nous qui te remercions Lydia !

dimanche 16 octobre 2011

Mercredi 19 octobre : spéciale Alma Fury


ALMA FURY (Vonnick Mocholi - Claude Besnard) seront les invités du prochain gagarama le mercredi 19 octobre de 20h à 21h.

Ils viendront présenter le troisième volet de VOLUME SONORE qui a pris place aux serres du jardin botanique à Tours :
- une architecture sonore refle x ion visible jusqu'au 6 novembre
- le 4 novembre : une soirée avec plusieurs conférences autour du projet
- le 5 novembre : conférence + concert d'Alma Fury + la diffusion d'une œuvre de Jim O'Rourke (ex membre Sonic Youth)

Après avoir basé VOLUME SONORE 1 sur les cris d'animaux et VOLUME SONORE 2 sur les bruits de l'espace ,
Alma Fury a travaillé avec des chercheurs en neurosciences pour réaliser VOLUME SONORE 3 :
une installation avec différents éléments (bois , eau , lumières , enregistrements neuronaux) qui mêle musique électroacoustique , poésie , architecture et science.

http://volume-sonore.org

mardi 30 août 2011

Emission du 31 aout 2011


Reprise en douceur mercredi 31 aout : le thème de l'émission sera un mix alternant des morceaux du label Fat Possum et des morceaux avec des voix féminines exceptionnelles.
Pour les morceaux du label Fat Possum , il y aura du vieux blues trempé dans le mauvais whisky (RL Burnside , Junior Kimbrough ... ) et du jeune garage dans la même veine bien sale (Crocodiles , Bas Drum Of The Death ...). Ce label est installé dans le Mississipi. Fat Possum a produit pas mal de bluesmen du cru en hésitant pas à injecter du rock et même de la techno dans leur son. Du coup le label est à la fois fort décrié par les puristes de blues et cité comme référence par les musiciens rock passionnés de blues (Jon Spencer , Iggy Pop , Sonic Youth etc ...). Le label a également produit d'excellentes choses blues/rock garage comme Bob Log ou plus récemment les Crocodiles ou les Bass Drum Of The Death.
Pour les morceaux voix féminines il y aura Karen Dalton , Dionne Warwick , Nancy Sinatra , Julee Cruise etc ... des morceaux classiques qui contrasteront forcément avec ceux délibérément bruyants du label Fat Possum.  Mais musicalement tout aussi efficace.




vendredi 26 août 2011

Lydia Lunch à Tours le 6 octobre 2011 !


Plein de choses intéressantes au Temps Machine en septembre et octobre (Silver Apples , Tatsuya Yoshida , soirée Requins Marteaux).

A ne pas louper le jeudi 6 octobre , Lydia Lunch et son groupe Big Sexy Noise !
C'est une artiste totale dont le dernier livre a été superbement traduit par Virginie Despentes.Et ce n'est pas un hasard si c'est Virginie Despentes qui s'est collé à la traduction de ce brulot.

Lydia Lunch excelle en spoken word , capable de rester incroyablement charismatique tout en débitant tout un tas d'horreurs. Big Sexy Noise est un projet rock avec de bonnes grosses guitares mais ça n'empêchera pas Lydia de faire apprécier sa légendaire gouaille !


samedi 16 juillet 2011

Interview ALAN VEGA & LIZ LAMERE



Interview réalisée le 25 février 2011 à Paris , le lendemain de son concert avec Marc Hurtado à la Machine du Moulin Rouge :

Gagarama - Tu es de New York, c’est une ville très créative …
Alan Vega - Oui et non … je veux dire ça a été une ville très créative. Mais maintenant je n’en suis pas si sûr … Les choses semblent aller dans une autre direction : les yuppies et les hommes d’affaires … je trouve que c’est devenu très ennuyeux
Gagarama - Pourtant New York a une aura magique avec par exemple tous ces grands jazzmen
Alan Vega - Oui la jazz area. C’était une grande époque. Les années 50, 60, 70 … tout cela était révolutionnaire et excitant pas seulement en musique mais également en art et en littérature … Tout le monde venait à New York . Jack Kerouac, Gregory Corso et Allen Ginsberg vivaient à New York … il y a beaucoup de chose en musique qui ont démarré après cette jazz area … Suicide était à la tête d’une vague avec les Dolls et les Ramones et tous ont été influencés par le Velvet Underground et les sixties
Gagarama - Je te parlais des jazzmen parce je trouve qu’au niveau de ton chant tu improvises un peu comme certains saxophonistes free
Alan Vega - On me dit très souvent que j’improvise comme un chanteur de jazz. Pourtant je ne me vois pas comme cela mais quand j’y réfléchis c’est probablement vrai. J’étais obligé d’avoir cette liberté parce que Marty (Martin Rev) peut aller dans n’importe quelle direction. Marty vient du monde jazz. Marty est très orienté jazz !
Gagarama - Ton travail m’apparait très engagé politiquement. Aussi bien ton travail musical que ton travail en tant que sculpteur …
Alan Vega - Oui ça l’est ! Je me rappelle avoir vendu une sculpture à des très riches Texans. Ils étaient super bien habillés, chapeau de cowboy et fourrures … il n’y a pas besoin de porter de fourrures au Texas … y compris de fourrure blanche ! Ils sont venus à la galerie et ils ont achetés une de mes œuvres. Cette sculpture a été envoyée dans leur très luxueuse maison du Texas et à l’intérieur il y avait tous ces cafards de New York ! Tout ce bois pourri, toutes ces ordures avec toutes sortes d’insectes allaient finir dans une luxueuse maison ! J’aime cette idée : la présence d’un immonde tas de détritus au milieu de la richesse et de l’opulence !

Gagarama - Il y a pas mal de gaspillage dans notre société
Alan Vega - D’ailleurs je récupère des choses jetées et je travaille avec. Comme je vivais dans les rues de New York je récupérais également les ampoules des lumières des stations de métro … Cela m’est arrivé une fois de laisser une station de métro à moitié dans la pénombre … Je venais au milieu de la nuit et je piquais les ampoules !
Gagarama - Et cela te permettait de faire tes croix … (Les sculptures d'Alan Vega sont souvent en forme de croix lumineuses composées d’objets récupérés dans les ordures et d’ampoules colorées)
Alan Vega - Oui je fais mes croix avec. Et je trouve tout le bois dans la rue. Et j’adore trouver des trésors dans les ordures … plutôt j’aimais parce qu’en fait j’avais réussi à remplir jusqu’au plafond mon dernier loft à Fulton Street, Manhattan ! Je récupérais tout et je n’utilisais pas la plupart des choses, tout simplement parce qu’il y avait trop de choses ! Je trouvais toujours des trucs intéressants, maintenant c’est plus dur les rues sont propres ! On ne trouve plus rien, je suis obligé de chercher pour le moindre petit truc … Mes sculptures montrent ce changement. J’utilise du métal parce que je n’arrive plus à trouver le bois que j’avais l’habitude d’utiliser, le bois qui était utilisé pour les écriteaux. Je me rappelle qu’un jour je cherchais désespérément quelque chose pour faire une sculpture. Grace à Dieu j’ai trouvé juste devant ma porte à Fulton Street. Je ne sais pas qui avait laissé ça là mais c’était la chose parfaite pour ma sculpture !
Gagarama - Tes croix ont sûrement plusieurs significations tu peux m’en donner quelques unes ?
Alan Vega - Je pense que toutes les grandes compositions en peinture sont basées sur les croix. Par exemple l’Enlèvement des Sabines de Poussin, un grand tableau, est basé sur la croix. Et en cherchant j’ai commencé à repérer ce genre de truc dans beaucoup de choses de l’art Occidental ... Regarde par cette fenêtre et chaque chose que tu verras est une croix ! … Il y a aussi cet aspect religieux de la croix … mais pour moi ça l’est et ça ne l’est pas … j’utilise les croix aussi également parce je pense que l’univers est courbe et que deux lignes parallèles finiront toujours par se rencontrer pour former une croix
Gagarama - Il y a une signification spirituelle dans tes croix ?
Alan Vega - Sûrement … je ne sais pas. Des gens pensent qu’ils voient ça dans mes sculptures et d’autres non … je pense qu’il y a surement quelque chose dans ce sens …
Gagarama - Parfois il y a des icônes comme Marilyn ou Iggy Pop
Alan Vega - Oui je prends ces images qui sont irrévérencieuses et qui à priori n’ont rien de religieux, je les mets dans mes sculptures et soudain les gens disent « Whoa, c’est religieux ! » … Au début je ne faisais pas des croix, mes sculptures recouvraient le sol et n’avaient pas de formes particulières, juste des lumières sur elles. Et puis j’ai commencé à sculpter des pièces en formes de croix posées sur un mur (d’abord « The First Deal I Had » et la seconde était « Daughter of Last Son ») et mes sculptures ont commencées à bien se vendre. Je donnais aux gens quelque chose d’identifiable : une croix au lieu d’objets éparpillés sur le sol. Pour moi cela signifie beaucoup de choses.
Gagarama - J’ai lu quelque part que tu utilisais des ampoules parce que l’éclairage a une énorme importance au niveau des couleurs d’une peinture... du coup tu avais décidé d’intégrer l’éclairage à tes œuvres !
Alan Vega - Absolument, j’ai commencé à réaliser cela très tôt lors de mes études d’art que la peinture reflétait la lumière. Il est nécessaire d’avoir un éclairage pour voir les peintures. Je ne voulais plus être dépendant de cela. Je voulais que la source de lumière soit dans l’œuvre. Mon grand ami Ric Ocasek, chanteur des Cars, m’a acheté plusieurs sculptures. Une des sculptures, une petite pièce, est dans son studio et chaque fois que je vais là bas, je repère que les lumières ont changés. Lorsque l’on change les ampoules, l’éclairage change et du coup on ne retrouve pas exactement les mêmes couleurs … et je me dis « Waouh c’est génial ! ». A chaque fois que j’y vais c’est différent et c’est génial ! Et j’aime que l’on ait la possibilité de modifier l’éclairage, que l’on puisse intervenir à ce niveau.
Gagarama – Tu as dit lors d’une interview « pour créer on a besoin d’oublier tout ce que l’on a appris »
Alan Vega - Tout à fait ! C’est un peu comme killing yourself et devenir une autre personne. Tu sais je suis toujours un peu comme ça. Les gens me demandent comment pourquoi je pousse les trucs si loin et je réponds «parce que à chaque fois c’est comme de gravir une montagne, et à chaque fois que je réussi à gravir une montagne même si c’est le Mont Everest je veux ensuite gravir une montagne plus haute ».  A chaque fois que je fais de la musique ou une sculpture je cherche à pousser le truc plus loin … c’est un défi que je me lance à moi-même
Gagarama - C’est très intéressant parce qu’à chaque fois tu essayes de faire quelque chose de nouveau ...
Alan Vega – Exactement … Des gens adorent le premier album de Suicide, des gens qui n’étaient même pas nés quand nous avons commencé Suicide. Ces jeunes gens me disent « C’est le truc le plus fabuleux au monde !» . Mais pour chanter ces chansons j’ai besoin d’avoir les paroles avec moi, sinon je ne peux pas … j’adore les chanter mais c’est mieux d’avoir les paroles à proximité. Je ne peux pas me rappeler tous ces mots … c’est simple je me rappelle de la plupart des paroles mais je ne peux plus chanter des trucs que j’ai chanté il y a vingt ans de la même façon. Je ne peux pas, je ne suis plus la même personne qu’hier. Même ce show que j’ai fait avec Marc la nuit dernière, quelque chose a changé, je ne peux pas dire comment, mais je ne suis plus la même personne.
Gagarama - Effectivement cela a du te faire bizarre de devoir rechanter l’intégralité des chansons de ton premier album (en 2009 Suicide a fait une série de show avec les Stooges, Suicide rejouait son premier album et les Stooges rejouait Raw Power) ?
Alan Vega - Je sais … mais en fait c’est plus fort que jamais. Je pense que tu as déjà vu les Stooges ? Ce qui s’est passé c’est que l’on a joué avec eux à Londres en mai, on a fait 2 shows, et le bassiste des Stooges après la premier show a dit « Qu’est ce que l’on va faire ? Comment peut-on être meilleur que Suicide ? Suicide a joué plus fort et mieux que les Stooges ! » (Ces propos d’Alan ont été dit bien sûr le ton de la raillerie, il est un fan des Stooges, et le fait d’avoir pu assurer un peu plus qu’eux l’amuse beaucoup)
Gagarama - Votre jeu est toujours très libre avec beaucoup d’improvisation
Alan Vega - Il y a quelque chose. On essaye de faire cela intelligemment … en respectant l’esprit initial. On ne peut pas refaire exactement pareil. Marty ne pas refaire exactement les mêmes sons. Je ne peux pas chanter pareil … quand j’étais plus jeune ma voix pouvait monter plus haut, comme par exemple dans « Cheeree, Cheeree » je ne peux plus monter jusque là … mais peu importe il reste toujours quelque chose. A chaque fois que nous jouons dans un festival tout le monde dit « Suicide c’est génial ! ». Partout où nous allons les jeunes groupes viennent nous voir et nous félicitent ! … Mia a récupéré un sample de Suicide pour une de ces dernières chansons (« Born Free ») … A quelle catégorie appartient Suicide ? Quand on me pose cette question je tourne autour du pot … Country de la côte Est ? Surf Musique de la côte Est ? Difficile à définir … finalement c’est la « Suicide » catégorie !
Gagarama - Marty vient du jazz …
Alan Vega - Il a débuté dans le jazz
Gagarama - Et toi tu es plutôt Rock, Rockabilly et lorsque j’analyse votre musique Marty joue des riffs Rockabilly et toi tu improvises dessus comme un chanteur de free jazz …
Alan Vega -… ironiquement, je devrai faire le truc Rockabilly … mais ceci dit je chante Rockabilly sur le premier disque de Suicide ! … mais malgré tout tu as raison et c’est intéressant : il joue le truc Rockabilly et je fais le chanteur de jazz alors que c’est Marty le joueur de jazz !
Gagarama - C’est intéressant cette interconnexion entre vos deux personnalités …
Alan Vega - Lorsque nous faisons la musique de Suicide il y a une grosse part d’improvisation, nous ne faisons jamais deux fois la même chose. En fait je ne sais jamais ce que va faire Marty ! Nous faisons « da da da da da » et soudain Marty change et commence un autre truc … du coup ce que je suis en train de faire ne colle plus donc je dois trouver un autre truc rapidement ! C’est comme de l’illusionnisme … Patti Smith disait « il faut être plus rapide que son erreur !» … comme un magicien il faut être plus rapide que ce que les gens peuvent percevoir, être plus rapide que son erreur. J’appelle ça des erreurs mais ça n’en est pas vraiment, cela fait partie de l’improvisation, tu dois faire avec … Parfois c’est moi qui part dans une autre direction et c’est à Marty de suivre ! Nous nous tirons et poussons l’un l’autre. C’est le Yin et le Yang. Et cela constitue l’essence de Suicide ! Malgré tout c’est très dur … et nous ratons un tas de truc. Parfois c’est génial et parfois les concerts ne sont pas aussi bons qu’ils devraient …
Gagarama - Suicide a une grosse influence parce que ça montre que pour faire de la musique forte le plus important est d’être soi même
Alan Vega - Exactement, c’est comme cela. Marty joue ce qu’il est sur le moment, j’essaye d’être ce que je suis sur le moment et très souvent, grâce à Dieu, nous trouvons l’essence. Parfois nous échouons. C’est amusant parce que certaines nuits je suis malade comme un chien et je dis à Marty « Marty vas y tranquille ce soir … Je suis vraiment malade … j’ai de la fièvre … » Mais au final je fais un des meilleurs show de ma vie alors que j’étais malade. D’autre fois j’ai la pêche et je fais un des concerts les plus minables de ma carrière ! Ce n’est pas simple! … ça a été agréable de rejouer ce premier album parce que nous savons improviser et nous arrivons à faire le même truc au même moment. Marty adore relever ce défi. Moi aussi j’apprécie maintenant … ce n’est pas comme au début de Suicide … au début de Suicide c’était « je ne sais pas, je ne sais pas ! » on commencait juste avec un son, mais aucun de nous ne savait par où commencer : « Marty tu commences ! » « Non Alan tu commences ! » « Non c’est toi qui commences ! » « Non c’est toi » et très souvent Marty touchait son clavier involontairement et par accident ça produisait un son et c’était le début du show !
Gagarama - Cet aspect de Suicide me fait penser aux shows des Stooges des débuts, lorsqu’Iggy improvisait sur les riffs blues très répétitifs des frères Asheton
Alan Vega - Iggy est génial. J’adore les Stooges, ils sont là pour toujours … Maintenant ils font du Rock’n’Roll, c’est comme ça que j’entends aujourd’hui ce qu’ils font et alors que je pense que Suicide continue de pousser le truc plus loin … mais Iggy reste Iggy. Il a eu de gros soucis avec la drogue … je l’ai vu à un de ces shows et son groupe derrière lui ne prenait pas de risques … Bien sûr c’est toujours les Stooges et Iggy est Iggy. Il a une énorme présence sur scène, il fait tomber son pantalon il est torse nu et il est Iggy et il sera toujours Iggy. Il est génial et il le sera toujours. Maintenant il est dans le Rock’n’Roll of Fame et il y mérite sa place !
Gagarama - C’est important pour toi que ton travail de plasticien commence à être reconnu au travers de grandes expositions dans des musées, comme par exemple à Lyon dernièrement ?
Alan Vega - Absolument, cette exposition a pris dix ans pour se faire, pour que je me mette d’accord avec eux … peut être il ne me voyait pas comme un véritable artiste ? … Pour moi la force est toujours la même, je fais ce que je fais. En fait une des œuvres était une croix de 20 mètres sur 4 et ils ont eu besoin d’une grue pour mettre cette chose sur un mur ! C’était génial ! Je n’avais jamais fait un truc pareil avant, aussi énorme …
Gagarama - Tu as réalisé cette œuvre sur place ?
Alan Vega - Cela m’a pris 10 jours avec 10 personnes, il y avait toute une équipe pour travailler avec moi. Le commissaire d’exposition était genial : Mathieu Copeland … je l’ai vu hier, il est venu au concert … nous avons conçu l’exposition ensemble … ce fut une expérience phénoménale !
Gagarama - Le titre de cette exposition à Lyon était Infinite Mercy
Alan Vega - Oui … et d’ailleurs ils gardent le catalogue de l’expo. Ils en ont édités 1000, ils en ont gardés 800 et je ne comprends pas … il pourrait le vendre mais la cité de Lyon ne veut pas investir plus … aussi le catalogue de l’expo est indisponible. Il y a 800 copies stockées quelque part. Pourtant les gens qui ont pu obtenir une des 200 copies disponibles ont adoré ce catalogue … c’est un vrai gâchis, ce qui est malheureusement habituel avec mon travail … (Renseignement pris : le catalogue de cette expo, édité au Presse du Réel, n’est effectivement disponible qu’en contactant le musée d’art contemporain de Lyon)
Gagarama - Ce titre Infinite Mercy ? Parce que le public a été à tes débuts déconcerté par ton travail mais que maintenant ton travail est reconnu ?
Alan Vega - Je ne sais pas, peut être, on m’a demandé un titre et c’est ça qui m’est venu en tête … En fait je fais partie de quelque chose qui continue d’effrayer pas mal de gens ! Je pense que dans chaque chose il y a une part du passé et une part du futur. Quand je regarde mon travail aujourd’hui je ne peux pas dire … certaines pièces étaient stockées et je ne les avais pas vu accrochées récemment et de les voir accrochées je me suis dit «Oh ! Ces pièces sont chouettes ! » … certaines pièces très anciennes sont très imposantes et très lourdes et je me demande comment j’ai pu fabriquer ça !
Gagarama - Actuellement comment tu organises ton travail, tu privilégies la musique, les dessins ou les installations ?
Alan Vega - Je travaille beaucoup … je fais beaucoup de dessins … pour travailler j’ai besoin de « m’échauffer » et j’ai remarqué que le plus efficace était de dessiner rapidement … de faire une multitude de petit dessins dans des cahiers … je passe beaucoup de temps à dessiner et du coup je n’écris plus beaucoup … Certains des dessins sont vraiment bons et je les aime beaucoup. En fait, j’ai reçu un compliment génial à Lausanne à propos de mes dessins. Une critique d’art, une femme âgée, m’a dit « Quand on regarde un dessin de Picasso par exemple, on a l’impression que quelqu’un était derrière son épaule et lui a dit quoi faire. Quand on regarde tes dessins, on se dit qu’il n’y avait personne derrière ton épaule te disant quoi faire. Tu les as juste fait » Et j’ai pensé que c’était là le meilleur compliment au monde. Bien sûr je pense que ce n’est pas complètement vrai mais cela fait plaisir … Sinon j’ai du mal à écrire, je fais de la musique mais je n’ai pas de paroles à mettre dessus. Par exemple lors du concert hier avec Marc (Hurtado) : il y avait 3 nouvelles chansons, et j’ai improvisé des paroles parce que je n’ai pas encore écrit de paroles … Quand je les aurai trouvé, je les mettrai sur la musique, je mettrai ça sur un album, l’album sortira et je ne me souviendrai plus de tout ça … Tu sais une fois que c’est fait, c’est fini … C’est comme pour Cézanne, on m’a raconté que quand il avait fini un tableau il le laissait dans le champs où il l’avait peint, et qu’il en avait abandonnés plein comme ça …

Gagarama - Lors du concert hier sur certains morceaux tu as joué avec ta femme et ton fils …
Alan Vega - Mon fils est un génie. Il maitrise son, il est efficace. Ma femme est très douée … elle a travaillé avec moi pendant toutes ces dernières années … ils sont le centre de ma vie maintenant ! J’ai eu plein d’amis … et maintenant il y a ma famille.
Gagarama - Vous travaillez ensemble ?
Alan Vega - Pas vraiment … mon épouse et mon fils travaillent ensemble, et je fais mes trucs … quand ça sera le moment de faire les choses ensemble ils répèteront ce qu’ils auront à faire, ce qu’ils auront à chanter ou à jouer et ils viendront au studio et nous travaillerons et nous verrons.
Gagarama - Ce n’est pas trop dur pour eux de monter sur scène ?
Alan Vega - Il faut demander à Liz … Liz ce n’est pas trop dur de jouer avec moi ?
Liz Lamere - Oui ça l’est d’une certaine façon, mais d’un autre côté c’est très libre, il n’y a rien d’imposé, il n’y a aucune chose de préconçue. C’est vraiment une expérience très libre mais c’est aussi comme sauter d’un avion sans parachute ! Parce qu’il n’y a pas de répétitions, je ne sais pas ce que Alan va faire, il ne sait pas ce que l’on va faire, tout se fait sur le moment …
Gagarama - Par exemple au concert hier c’était de l’improvisation ?
Liz Lamere - Complètement. Je ne savais pas ce qu’il allait chanter, il n’avait aucune idée de ce que l’on allait faire … Tu as improvisé les paroles ?
Alan Vega - Parfois …
Liz Lamere - ... La nuit dernière ? Tout le temps ! Parce qu’il y a ces trois nouvelles chansons prévues pour le prochain album, et que les paroles ne sont pas encore écrites ! (rires)
Gagarama - Vous travaillez ensemble depuis plusieurs années
Liz Lamere - Nous travaillons ensemble depuis 26, 27 ans, aussi nous nous connaissons bien et nous avons travaillé en studio plusieurs années et nous avons fait des concerts … mais nous n’avons pas fait des concerts ensemble si souvent …
Gagarama - Quand vous vous êtes rencontré, Alan travaillait pour un gros label
Liz Lamere - Elektra Records. Ils l’ont signé et voulait une chose pré-packagée, ils voulaient faire de lui une rock star, mais il était réticent. Travailler avec des producteurs renommés, avec des musiciens de studio, tu vois, le styliser, le maquiller, le photographier, tout le truc et lui il se questionnait «ce n’est pas moi … qui est cette personne ? ». Ils contrôlaient tout, je ne pense pas que c’était très confortable pour Alan même si il appréciait certains côtés du truc …

Gagarama - Vous avez commencé à travailler ensemble pour Deuce Avenue (cet album a marqué un tournant dans la carrière solo d'Alan Vega, avant cela il avait sorti 4 albums solos chez Celluloid puis Elektra)
Liz Lamere - Deuce Avenue a été une complète remise à plat. Alan est retourné à ses racines
Gagarama - Qui jouait la musique sur cet album, Alan ou toi ?
Liz Lamere - Je jouais la plupart des instruments, c’était à une époque où il y avait des samplers et il y avait pas mal de nouveaux effets. Mais on jouait de ces instruments de façon non conventionnelle , en live , en tournant les boutons et en changeant les effets pendant que la bande enregistrait … il y avait encore des bandes à cette époque … C’était très spontané. Mais c’est Alan était dirigeait les expérimentations sonores : “Ok !” “Non !” “Ok ! C’est cela ! Va dans cette direction ! » … Maintenant il joue de la plupart des instruments lui-même, et je n’interviens qu’occasionnellement … Pour les derniers albums Alan a passé beaucoup de temps à travailler seul dans le studio …
Alan Vega - … à chercher des nouveaux sons !
Liz Lamere - … Yeah …
Alan Vega - … je dois d’abord travailler seul, avant que d’autres personnes interviennent. Parce que je veux que quand ils arrivent ils puissent se focaliser sur quelque chose de précis. Et puis en travaillant seul je suis totalement libre. Libre avec moi-même, en fait. Comme je dis, je vais finir ces morceaux, je vais boucler tout cela et après je verrais où j’en suis …
Liz Lamere - Et cela le fait aller dans une direction complètement différente, et il ne trouve plus du tout pertinent tout ce qu’il a fait auparavant. Ces quatre dernières années Alan a du faire l’équivalent de quatre albums mais il préfère continuer à avancer et laisser derrière lui ce qu’il vient juste de finir. Et il est déjà en train de travailler sur un nouveau truc et alors je lui dis « mais tu aurais pu mettre tout cela dans un album ! » et Alan me répond « non non ce n’est pas le bon truc » et il est dans ça prochaine création …
Gagarama - C’est dommage effectivement parce qu’il y a surement plein de trucs intéressants !
Liz Lamere - En effet, on lui dit souvent « Laisse nous sortir ce que tu viens de faire, pendant que tu travailles sur tes prochains morceaux ! »
Gagarama - Tu es une grande fan du travail d’Alan !
Liz Lamere - Je ne sais pas si je suis la plus grande fan mais en tout cas je le connais très bien
Alan Vega - Elle est avec moi depuis le début de tout ce bazar !
Liz Lamere - Depuis la période post Elektra, une époque pendant laquelle il a dû se recréer entièrement en tant qu‘artiste … parce qu’il a dû revenir en arrière et se redécouvrir en tant qu’artiste. Ils voulaient faire de lui cette entité commerciale, heureusement qu’ils n’ont pas réussi parce que ça l’aurait détruit entièrement !

Merci à l'équipe du Maquis du Son d'avoir permis cette interview et à Dan pour son aide précieuse pour la transcription.

Emission du mercredi 25 mai 2011 - spéciale LIGHTNIN'HOPKINS

Emission spéciale Lightnin' Hopkins :

mercredi 20 avril 2011

Emission du mercredi 13 avril 2011 - spéciale SWAMP BLUES

Emission très Lazy : spéciale SWAMP BLUES.
Avec Slim Harpo , Lazy Lester , Lightnin'Slim et plein d'autres ... une petite ballade dans le Bayou ...
 

vendredi 8 avril 2011

Emission spéciale Alan Vega



Gagarama du 30 mars 2011 , spécial Alan Vega avec des extraits d'une interview réalisée le 25 février 2011 à Paris :


L'intégralité de l'interview d'Alan Vega est disponible sur ce blog en version texte.

Cet artiste très influent est connu pour son duo mythique SUICIDE avec Martin Rev.
Flyer "Punk Music" réalisé pour un des premiers concerts de Suicide en novembre 1970 :

Alan Vega vient de sortir un nouvel album Sniper chez Son du Maquis. Cet album a été réalisé en collaboration avec Marc Hurtado (Etant Donnés).

mercredi 30 mars 2011

Interview de MARC HURTADO (ETANT DONNES)



Les frères Marc et Eric Hurtado ont formé en 1978 le groupe Etant Donnés. Projet multiforme à la fois sonore et visuel dont vous trouverez les CD/LP le plus souvent dans les bacs musique indus bien que leurs compositions sonores sont plutôt faites à partir de bruits de la nature que de bruits urbains.
Marc Hurtado et Etant Donnés ont travaillés avec pas mal de personnalités importantes de la contre-culture : Genesis P-Orridge , Lydia Lunch , Alan Vega , Gabi Delgado , Sky Saxon , Michael Gira , The Hacker ...
Marc a fait la musique de Sniper le dernier album d'Alan Vega. Un album très réussi , Marc déroulant un tapis de rythmes noise sur lequel Alan Vega vient poser ses textes et sa voix. Voix et textes qui n'auront jamais rien perdus de leur magnifique puissance noire. Il y a sur cet album "Prison Sacrifice" un superbe duo Alan Vega / Lydia Lunch , "confrontation" entre deux des plus belles voix d'insoumis chroniques. Et il y a aussi "Saturn Drive" petit moment de magie qui rappelle "Surrender" , "Dream Baby Dream" ou "Shadazz".
Alors évidemment dans cette interview avec Marc nous avons beaucoup parlé d'Alan Vega et de Suicide mais également d'Etant Donnés et des concepts qui sont derrière ce projet.



Cette interview a été réalisée à la Machine du Moulin Rouge le 24 février 2011 quelques heures avant son concert avec Alan Vega.